L’impact De La Colonisation Française Sur Les Institutions Politiques D’un État Post-Indépendance: Le Cas Du Liban

History Feb 13, 2024

Après la Première Guerre mondiale et le Traité de Versailles, la France et le Royaume-Uni mettent la main sur des nouveaux territoires proches et Moyen-Orient. Cette acquisition découle d’un accord secret entre les deux puissances coloniales: l’accord de Sykes-Picot ou la France et le Royaume-Uni ont essentiellement divisé le proche-orient en zones de contrôle et d’influence afin d’assouvir leurs intérêts. La colonisation européenne a eu des effets dévastateurs sur la région. Tirées par la recherche de nouveaux marchés pour écouler leur production industrielle et exploiter des ressources naturelles, les institutions politiques mises en place étaient non seulement extractives au détriment de la population locale, mais ont perduré à ce jour. Ceci est notamment le cas du Liban ou le mode de contrôle, le système de mandat, a façonné l'état-nation libanaise. Le système de mandature stipule que la France a pour but de guider et conseiller l’administration locale afin de l'amener sur le droit chemin et de la préparer à l'indépendance. En effet, les institutions religieuses, économiques et politiques du Liban découlent des politiques de contrôle mises en place par la France avant l'indépendance obtenue en 1943.

Dans un premier temps, on analysera les conséquences du sectarisme mis en avant sous le joug impérial français qui persiste malgré la fin de la mandature française, il y a 80 ans. Ensuite, on observe que les institutions extractives mises en place par la France perpétuent un rapport de force et de déséquilibre entre le Liban et son ancienne puissance coloniale. Dernièrement, on étudiera comment le discours d'exceptionnalisme de la langue française et du Liban par rapport à ses voisins perpétué sous la colonisation a modeler les élites politico-économiques au Liban.

Un sectarisme mis en avant sous le joug impérial français

Hommes chrétiens libanais sur une carte postale française, fin des années 1800

Dans un premier lieu, il est important de détailler les raisons derrière l'expédition française au Liban et au Proche-Orient de manière plus générale afin de comprendre le mode de contrôle mis en place et les impacts sur les différentes communautés ethno-religieuses du Liban. La France se positionne comme la protectrice des Chrétiens au Moyen-Orient et plus particulièrement des Maronites. Son justificatif reste dans le fait que les chrétiens sont minoritaires dans la région face aux populations musulmanes qui menaceraient non seulement la vie de ces derniers, mais aussi la culture judéo-chrétienne. Les Chrétiens sont considérés comme un allié nécessaire et “civilisé” afin de s'établir en opposition face aux communautées arabo-musulmanes. En effet, cette relation privilégiée remonte à l'expédition de Napoléon III dans la région. Son expédition l'encourage à planifier des plans pour établir un pied-à-terre sur le bord de la Méditerranée afin de non seulement protéger la relation privilégiée de la France avec les maronites, mais de projeter la puissance de la France dans la région.

Le mandat français au Liban va perpétuer ces idées de menace ethno-religieuse et tentera de rééquilibrer les rapports de force en inscrivant dans la loi la protection de chrétiens. De plus, le mandat met en place une administration coloniale qui traite la population arabo-musulmane à travers une relation patriarcale. En effet, les musulmans sont considérés comme une “race d’enfants” qui doit être éduquée et mise sur le droit chemin tandis que les chrétiens, francophones sont considérés comme Phocéens et Méditerranéens. Le statut administratif spécial français favorise explicitement ces derniers comme dirigeants de l’administration locale. L’utilisation du système de mandat consiste à avoir des intermédiaires dans la colonisation du Liban, là aussi, on observe l’utilisation de l’église comme acteur colonial. Cette dernière a pour but “d'éduquer” les Arabes afin de leur enseigner le français et de tenter de les convertir dans la portée plus large de la “mission civilisatrice.” Ceci aura des conséquences dévastatrices, car elle braque la population musulmane qui se retrouve, une fois de plus, écartée. L'éducation des missionnaires change les discours sur l'identité mise en avant par rapport à la période de contrôle ottomane. Le Français est promu au détriment du Turque et de l’Arabe, l’administration voit la jeunesse comme une opportunité de “civiliser” les foyers libanais de l'intérieur. L’idée est que la mise en place d’un cursus scolaire universel permet une transmission universelle et la création d’une nouvelle identité qui effacera le nationalisme libanais.

La conception de l'État libanais et la formation des institutions axés sur les questions d’identités représentent un legs du colonialisme français. Avoir un Liban établi en tant qu'État indépendant est lui-même un héritage du mandat français. La conséquence du mandat français est donc le fait que les institutions politiques reproduisent les divisions ethno-religieuses au Liban rendant impossible le dépassement de ces impasses religieuses et les nouvelles sources d'identité politique. Ceci découle du pacte national entre la France et le Liban lors de la décolonisation. Ce pacte national consiste en une constitution non écrite de l'État qui fait reposer son équilibre sur le confessionnalisme et la représentativité proportionnelle avec une reconnaissance explicite des confessions. On observe aussi que le Liban calque son code civil et pénal sur celui de la France montrant à quel niveau les institutions politiques libanaises étaient modelés par la colonisation.

On constate une nouvelle reproduction de ces divisions ethno-religieuses dans les accords de Taëf en 1990. L'idée est que le jeu d'équilibre entre les différentes religions maintient une stabilité politique plus payante que le socialisme de l'après-guerre. On retrouve des dispositions pour un chef d'État maronite, un Premier ministre Sunnite, et président de chambre chiite. C’est aussi le cas pour la distribution du portefeuille ministériel. Ceci permet de satisfaire les demandes de chacun des trois grands groupes religieux, mais a pour contrepartie de paralyser le pays dans une mentalité sectaire. Ainsi, on retrouve des ententes politiques locales avec des chefs des différentes communautés ethno-religieuses qui tentent de saper la légitimité de leurs rivaux.

Une économie de rente:

Tours du quartier commerciale de la baie de Zaitunay, Beyrouth (de Hussein Abdallah sur Wikimedia Commons)

Il ne faut pas oublier que ces divisions sur des lignes ethno-religieuses font le jeu de la France en détournant l’attention de la population locale du pillage systématique de l'économie libanaise. En effet, les institutions ayant pour but l’extraction des ressources (humaines et naturelles) ont aussi perduré après l'indépendance. Derrière le message de mission civilisatrice et le discours patriarcal de la France, on retrouve des intérêts économiques qui ont eu de profonds impacts sur le pays. On observe alors que les institutions mises en place dans les années 1900 ont été modelées par les exportations afin de créer une économie de rente au Liban. La rente est un phénomène hautement important qui a des impacts économiques et politiques. Une économie où la rente domine et est tolérée mène à une augmentation des coûts de production. La rente est un des nombreux héritages de la colonisation française, on différencie cette dernière des prélèvements sauvages, car elle obéit à des règles institutionnalisées depuis plusieurs décennies. En effet, la rente doit faire face à deux demandes antinomies. D’un côté, les acteurs économiques veulent augmenter leurs prélèvements pour assouvir leurs besoins, mais de l’autre ces derniers ont besoin d’une croissance permanente du système économique pour assouvir leurs besoins.

De nos jours, on constate que l'élite économique libanaise perpétue cette économie de rente en créant du profit à travers de la spéculation financière et immobilière, pillant les fonds de pension et attendant les plans de sauvetage de l'Etat. Ces plans de sauvetage ont tendance à venir vu la corruption inhérente aux institutions qui ont été modelées derrière le favoritisme de la colonisation. Dans le cas de l'élite moderne, l’augmentation de la production a été fortement aidée grâce à l'émigration des classes éduqués qui envoient des devises étrangères à leur famille restés derrière. L'émigration des populations éduquées vers les pays plus développés en quête d’un futur meilleur peut être définie comme une “fuite des cerveaux.” A nouveau, on peut voir le rôle de la France dans cette fuite des cerveaux en encourageant les Libanais à venir en Métropole et en facilitant leur immigration grâce à la proximité de la langue. Par contre, il ne faut pas dénigrer le fait que la plupart de l'émigration libanaise est le résultat de facteurs qui les ont poussés à quitter (guerre civile, pauvreté) plutôt que l’attirance de la France.

La dépendance sur l’exploitation de ressources non transformées a des impacts concrets tels que la malédiction des ressources. La malédiction des ressources est une situation paradoxale ou l’exploitation de ressources naturelles mène à une croissance économique faible, du chômage élevé et une hausse des inégalités. Ceci s’explique, car lorsque un pays développe son économie sur une exploitation de ressources, il ne fait pas les investissements nécessaires dans le capital humain (santé, éducation). De plus, des exports élevés ont tendance à surévaluer la monnaie locale et encouragent la consommation d'impôts qui sont donc relativement moins chers par rapport à la production nationale. Durant le mandat français, on observait une administration française qui encourage l’exportation de ressources primaires (qui n’ont pas encore été transformées) au détriment des investissements dans l’industrialisation du pays. Ceci vient d’une mentalité de supériorité et des intérêts économiques de l'élite coloniale. En effet, le Liban était vu comme un marché ou d'écouler la surproduction industrielle de la métropole. En inondant le marché local avec les biens industriels français, l’industrie libanaise fait face à une concurrence déloyale et ne parvient pas à décoller. Vu qu’il n’y avait pas d'intérêt pour l'élite coloniale de développer une industrie locale, les institutions ne sont pas protectrices envers le développement du secteur privé et n’encouragent pas la diversification de l'économie.

Les institutions coloniales ont perduré et modeler dans les institutions modernes et placer le Liban dans la dépendance au sentier. La dépendance au sentier est le fait que les décisions prises par les anciens dirigeants ont une inertie inhérente aux institutions qui perdura le mode de développement mis en place. Ainsi on peut constater que la crise économique et politique auxquelles fait face le Liban n’est pas conjoncturelle mais a des causes structurelles profondes qui remontent au mandat français. En effet, les mutations de l'économie libanaise dans les années 1970 sous Rafic Hariri perpétuent une dépendance sur les capitaux étrangers (notamment français). Or, le fait que le Liban n’avait pas les institutions établies pour mettre en place une politique de stabilisation monétaire a entraîné une bulle financière. Afin de rassurer les investisseurs étrangers, la banque centrale promet alors de rembourser les obligations d’état en devises étrangères tel que le dollar. Cette décision peut s’apparenter comme économique, mais est purement politique. En faisant ça, l'État libanais encourage et aide les investisseurs étrangers au court-terme au détriment de la bonne santé économique de la population locale. Lorsque la bulle financière éclate, le Liban dû suivre les demandes des investisseurs et organisations financières internationales et implanter des mesures économiques néolibérales. Le néolibéralisme peut être défini comme une théorie économique qui valorise la compétition et le libre marché au-dessus de tout. Les réformes mises en place ont affaibli les institutions libanaises qui ne parviennent déjà pas à s’occuper de la population locale.

Rafic Hariri.

Dernièrement, les plans économiques mis en place depuis l'indépendance ont suivi le modèle “Gaulliste” de la France. Entre 1958 et 1970, le Liban connaît de nombreux dirigeants, mais le plan de développement reste essentiellement le même. Ce dernier encourage une intervention de l'État en mettant en avant des grandes lignes directrices qui encouragent des plans de développement économique sur cinq ans. Sous Camille Chamoun, le Liban tente de se moderniser et de reconstruire son été après des décennies de colonisation française. Ce plan est un calque du modèle mis en place en France sous la reconstruction avec une focalisation sur l’infrastructure essentielle (logement, routes) et peu chère. Ensuite, sous la direction de Fouad Chéhab, l'État encourage une restructuration des institutions en suivant le modèle du conseil national de la résistance mis en place par Charles de Gaulle en 1943 afin de remplacer les institutions de Vichy. Le gouvernement libanais sous Charles Hélou encourage alors la modernisation de l'État et met en place un État-providence qui se base sur la sécurité sociale de la France de l'après-guerre. Or, les investissements étant trop élevés et la corruption rampante obligent l'État à emprunter de l’argent sur les marchés internationaux. Afin de pouvoir implanter des réformes néolibérales et de ne pas avoir à se préoccuper des caprices du peuple, Suleiman Frangié se tournera une nouvelle fois vers la France du général de Gaulle pour renforcer le pouvoir exécutif avec des administrations spéciales. Ainsi, on voit à quel point, malgré l'indépendance, la France garde une influence puissante sur le système politique et économique du Liban.

Une élite francophone et francophile

Malgré l’influence de la France au niveau macro à travers les anciennes institutions coloniales et le modèle économique d’exploitation des ressources au détriment d’investissements à long terme, il ne faut pas négliger l’importance des acteurs politiques au niveau personnel et leur rôle dans la construction des institutions libanaises. De plus, ces derniers perpétuent le récit colonial de l'exceptionnalisme français en favorisant certains groupes religieux au détriment d’autres.

On constate ainsi une dérive directe du modèle de mandature. La colonisation française reposait son administration sur une élite locale pour se déchaîner des responsabilités du colonialisme. Le paternalisme ambiant de la colonisation française considère le Liban et sa population arabo-musulmane comme un enfant qui doit être éduqué et remis sur le droit chemin par les chrétiens francophones. La France représente le Liban comme non éduqué et naïf alors que la France est un parent fort, libre, compatissant et remplit de sagesse qui doit savoir être ferme avec ses enfants (colonies). Le récit colonial propagé par l’administration française sert ainsi de justificatif pour les actes inhumains de la coloniale (travail forcé, racisme systémique etc…) De plus, les anti-colonialistes reprendront le régime patriarcal de la puissance coloniale à leur guise. Dans leurs discours, ils stipulent que le Liban a grandi et que c’est dorénavant une mère qui doit s’occuper de ses différents enfants qui découlent chacun des trois grandes sectes religieuses (chiites, maronites, sunnites).

On retrouve des traces de ces idées colonialistes dans l'éducation libanaise. Le système éducatif Libanais a historiquement utilisé le français comme langue d’instruction en plus de l’Arabe. Ce système scolaire a été étayé par l’Alliance Française. L’alliance française est un organisme non-lucratif qui est voué à la propagation de la langue française et aux valeurs démocratiques à l’étranger. Cet organisme est un outil essentiel de la politique culturelle française qui utilise la langue comme véritable levier de son soft power à l’etranger. L’Alliance Française fonctionne essentiellement comme un organisme diplomatique officieux. Au Liban, l'église travaille main dans la main avec cette dernière pour créer les premiers cursus scolaires libanais. Son implantation au Liban a permis une porte d'entrée à l’alliance française afin d’avoir l’oreille des dirigeants du pays et de leur convaincre des bienfaits d’utiliser le français comme langue de l’enseignement. En effet, la fin de la politique scolaire de la France après la colonisation n’est pas la fin de l’influence de l'État français sur le Liban. Ce dernier travaille comme médiateur, à travers l’alliance française entre l'Eglise et l'État pour encourager le déploiement d’hommes religieux comme enseignants. Cette collaboration avec les écoles religieuses pour pallier le manque d’enseignant orchestrée par la France durant le mandat, perpétue une politique de néocolonialisme.

En effet, le système éducatif à deux vitesses au Liban se fait rapidement ressentir. D’un côté, on retrouve les écoles qui enseignent en français (qui ont tendance à être des établissements chrétiens) et de l'autre, les établissements de langue arabe auxquels les musulmans ont recours. Ceci perpétue les inégalités socio-économiques, car, depuis la colonisation, le français sert de passerelle de mobilité sociale pour la population arabe. Le français effectue essentiellement un rôle de statut socio-économique qui est fortement corrélé à la représentation de ces derniers comme “civilisés.” On constate alors que le récit colonial de la France se perpétue de nos jours dans la société libanaise. En effet, le système scolaire Libanais a tendance à glorifier les écoles françaises, notamment les sacro-saints “Lycées Français” financés par l’Alliance Française, donc indirectement l'État français. Ces derniers ne font pas qu’enseigner en français, car ils suivent le programme officiel de l’état français et font passer le baccalauréat à leurs étudiants, encourageant et facilitant l’émigration pour les élèves. Ceci explique en partie pourquoi l'élite politique Libanaise se tourne plus vers l’ancien colonisateur comparé à ses voisins.

On retrouve le récit colonial dans tous les aspects de la société libanaise, mais elle est la plus visible auprès de l'élite francophone et francophile. Cette dernière a tendance à glorifier la France, car elle a passer le baccalauréat et poursuivre ses études dans les universités françaises les plus prestigieuses et onéreuses (SciencesPo, la Sorbonne, Paris-Dauphine) où elle a côtoyée des autres membres de la diaspora libanaise. De plus, cette dernière a tendance à se différencier de la population Arabe en s’identifiant comme “Méditerranéenne” ou “Phocéenne.” Ces deux termes sont les mots exacts des colons français pour décrire la minorité chrétienne comme plus blanche et ayant une certaine valeur supérieure relative à la population arabo-musulmane. On constate ainsi que l'élite Libanaise, en se rapprochant le plus possible de l'idéal colonial s’inscrit dans la lignée du récit français. De par leur éducation francophone et francophile, les élites libanaises ont eu tendance à entretenir une relation spéciale avec la France à travers des forts liens économiques et des accords politiques. Ceci est tout à l'honneur de la France qui a besoin du Liban comme base arrière afin de se projeter comme puissance dans la région.

Conclusion

Ainsi, on constate que le mandat français au Liban a non seulement impacté les institutions mises en place depuis l'indépendance, mais aussi modeler la société libanaise.

D’abord, on observe que la conception de l’Etat libanais en tant que tel, avec une telle hétérogénéité de groupes ethno-religieux, n'est pas un hasard, mais une décision explicite de l’administration coloniale. En effet, le Liban a gardé les mêmes frontières du mandat français depuis son existence. De plus, les institutions politiques reproduisent les mêmes divisions ethno-religieuses que la France a mises en place depuis sa première expédition au Levant. Cet héritage politique a été affirmé lors de l'indépendance avec le pacte national puis après la guerre civile en 1990 avec les accords de Taëf qui ont perpétué les mêmes dynamiques de partage de pouvoir entre les Maronites, Chiites et Sunnites. Cette mentalité de partage de pouvoir autour de ligne sectaire rendra impossible le dépassement des impasses religieuses.

Dans un second temps, on a analysé comment le modèle économique mis en place sous le mandat français perdure de nos jours. Ce dernier repose sur une économie de rente avec des institutions faibles qui n’ont pas la capacité d'établir la loi sur le territoire comme on peut le voir dans la théorie de la dépendance du sentier. De plus, les grandes lignées des plans de développement du Liban s’inspirent de la France de l'après-guerre et du modèle économique Gaulliste. N'étant pas adaptées aux institutions locales, ces dernières échoueront.

Ensuite, on a examiné la responsabilité de l'élite francophone et francophile Libanaise dans l'état actuel des institutions. Cette élite libanaise a tendance à adhérer et à perpétuer le discours colonial. Ce dernier évoque l'idée que les Français ont menée une mission civilisatrice au Liban avec pour but l'éducation de la population arabo-musulmane qui est opposée aux “Phocéens” francophones. Afin de justifier ses actes, l’état français use donc un discours paternaliste dans lequel la population arabe est associé à un enfant turbulent qui doit être remis sur le droit chemin par un parent fort et sage. En outre, on observe que l'élite libanaise a eu l'opportunité de poursuivre ses études non seulement en français mais en France ce qui les rapprocherait le plus possible de l'idéal colonial.

En fin de compte, on constate que la France a modelé les institutions politiques et économiques du Liban ce qui lui a permis d’y exercer une influence politique et stratégique. Ceci est d’autant plus redoutable que le Liban sert de base arrière pour ses missions militaires et diplomatiques à travers tout le proche et moyen-orient. L’influence française sur les institutions libanaises s’est opérée au détriment de la représentation démocratique du peuple libanais et de la croissance économique de la nation.

Les cèdres du Liban.

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